mardi 26 février 2008

Jeudi 14 février - La boulette de chez boulon

De retour de Dominique, nous prévoyons une courte escale en Martinique, histoire de refaire les pleins et de récupérer de nouvelles lunettes pour Fréd. Mais le lendemain de notre arrivée, nous découvrons que nous avons, ou plutôt j’ai, moi, Catherine, en personne, oublié ma carte bleue au distributeur en Martinique. Opposition immédiate. Problème, mais problème relatif : il nous reste une carte, ça devrait suffire.
C’est sans compter le zèle des postiers qui s’empressent d’agraver ma connerie en annulant non pas une, mais deux CB ! La TUILE !!! Le lundi même, je suis dans la cabine téléphonique à 3 heures du matin pour interpeller le centre financier de la Poste qui ouvre à 8 heures à Toulouse. Et là, bien entendu, personne n’est responsable de rien. Après une nuit de parlementation, on me promet de refaire les cartes bleues et de mes les expédier pour vendredi, dernier délai samedi. On peut rêver : à l’heure qu’il est, on est samedi, et les cartes sont toujours quelque part, loin de nos portefeuilles.

Décision (lourde) est prise d’attendre jusqu’à mardi matin et de mettre les voiles même si l’on n’a rien reçu d’ici là. On en profite pour mettre les enfants (qui ne comprennent plus rien à rien) aux travaux forcés pour expédier les évaluations du Cned avec 15 jours d’avance. Les Grenadines, on n’en rêvait plus trop en raison de l’affluence touristique dont on nous a beaucoup parlé. L’avantage, c’est que maintenant on fantasme complètement en pensant à elles…

Et puis, cette escale interminable en Martinique, nous donne l’occasion de passer beaucoup de temps avec nos adorables copains de Morgane et de retrouver les Mapilo, un jeune couple très sympa qui s’est fait la peur du siècle en pétant le gouvernail en pleine traversée (28 jours de traversée !). C’est l’ambiance camping dans l’immense zone à mouillage qui borde la marina pleine à craquer de bateaux qui ne servent à rien sauf à payer moins d’impôts (vive la loi Pons). Les voyageurs, comme Morgane, comme Mapilo ou nous-mêmes, sont tenus à l’écart de ces pontons moribonds. Mais c’est pas grave : au moins ici, on ne paie rien et les crêpes d’Ingrid la bretonne, elles, n’en ont que plus de prix.

Cette rallonge martiniquaise, c’est aussi un cadeau surprise assez incroyable : alors que Fréd fait du stop dans la nuit pour partir acheter une carte de téléphone, il est interpellé par des appels de phare insistants. Dans la voiture qui s’arrête finalement à ses côtés, il y a Anouk et Patrick, les parents d’Adèle et Fanny, de très bonnes copines d’école de Pablo. Nous savions que la famille passait des vacances ici, mais nous n’avions pas eu le temps de les contacter. Le lendemain, c’est les grosses retrouvailles et un rendez-vous immédiat pour une randonnée de groupe dans l’intérieur de l’île. Et, la surprise en cache une autre : Anouk et Patrick sont accueillis en Martinique par Marc, un Toulousain d’origine martiniquaise, et Anne, son épouse, … ma gynéco de l’hôpital Ducuing, une femme pour qui j’ai une reconnaissance éternelle depuis la naissance de Corentin. Journée radieuse. Très belle balade. On termine autour d’une daurade et d’une tranche d’avocat dans leur maison face à la rhumerie Lamauny.

Merci à vous Anouk, Anne, Patrick et Marc de nous avoir fait si gentillement une place dans vos vacances. Il n’est pas facile d’hériter d’une famille de cinq sans voiture… et (toujours) sans carte bleue ! Plus d’une fillette (Tiphaine pour ne pas la nommer) qui s’est foulée une cheville pendant la rando… et qu’il a bien fallu porter !

P.S. : De rencontre en rencontre, nous avons décidé de changer notre itinéraire : nous allons descendre (un jour peut-être) dans les Grenadines puis tirer jusqu’aux îles du Venezuela comme prévu. Le changement, c’est que nous ne remonterons pas le long des petites Antilles (Guadeloupe, îles Vierges, etc). Nous allons mettre le cap sur Cuba avec peut-être un crochet par la République dominicaine. On vous tient au courant.

En prime, et suivant les conseils éclairés d’Agnès, on joint une petite carte. Promis, on essaiera de faire mieux la prochaine fois.

Retour sur la Martinique

Les retrouvailles avec Pierre et Chloé de Morgane

Ingrid et Ronan, M et Mme Morgane

Sur la plage de Ste Anne

Matinées studieuses

Après-midi détente

Pop corn pour 5 enfants

Corvée de lessive

Yallingup, un bateau qui vit

Vente de gateaux et de citronnade sur les pontons

Une bande de toulousains en forêt tropicale

Retrouvailles avec Fanny et Adèle

Bégonias

Orchidées

Anouk et Patrick, avec Anne et...

...Marc le gai luron

Course sur la plage de St Pierre avec Esther

Et une entorse, une !

Quelques étapes

Cool, man !

Un autre jour, alors qu’on se promène à bord de notre rutilant 4X4 Suzuki, on croise un vieil homme sur la route à qui l’on demande où l’on peut acheter quelques fruits (on ne s’en lasse pas !). Le vieillard ouvre un sac et nous tend des citrons et des pamplemousses. Nous proposons bien sûr de les lui acheter. Il refuse (« no money ») et reprend sa route. Ainsi font, ainsi sont les Dominicains. Combien de gens se sont arrêtés juste pour nous demander comment nous allions ? Pour nous tendre un fruit, nous montrer un perroquet caché dans les feuillages ?

Ce sens de l’accueil se double d’une zénitude pas possible. Sur la plage de Portsmouth, là où sommeille Yallingup, il y a Big Papa, un bar-resto-cybercafé, arraché à un rêve. Ici, la vie roule à 2 à l’heure. On croit à un problème technique, genre ralenti imprévu. Mais non. Les rastas soutiennent les murs (à peine un mouvement fugace pour porter les pétards à leurs lèvres), Big papa sirote sa bière, des visages émergent du bar, figés, les yeux perdus vers l’horizon. Des airs de reggae montent jusqu’au sommet des cocotiers. Les enfants, les notres, s’ébrouent sur le sable avec une kyrielle de petits noirs. Ça sent la ganja et le rhum. Ça calme.

Le dernier jour, il faut nous arracher à ce décor, et à ces gens si doux. En levant l’ancre, dans la nuit, la musique cavale dernière nous. C’est mercredi, et tous les mercredis, c’est reggae party chez Big Papa…

La Dominique, c'est aussi Big Papa...

...sa plage

... et Jessie, un comité d'accueil à lui tout seul

Avec Tom et Marc de Grenouille

Promis on reviendra

Mardi 5 février - La Dominique à croquer

Après Madère et le Cap Vert, notre troisième gros coup de cœur.

Coincée entre la Guadeloupe et la Martinique, la Dominique ne ressemble ni à la première ni à la deuxième. Une île complètement à part, à des milles et des milles de la France. Nous mouillons au nord, à Portsmouth, loin de l’agitation de Roseau, la capitale du sud. Durant deux jours, c’est le cloisonnement total à l’intérieur du bateau pour cause d’évaluations du Cned (grrrrrrrr !!!!), et aussi pour cause de pluie (car la Dominique, c’est un peu la Normandie des Tropiques), mais ensuite, c’est l’extase.

Comme tous les nouveaux arrivants, nous avons été pris en charge par un boat boy.. Les boat boy sont des types aux yeux de lynx qui devinent le bateau à l’horizon avant même qu’il ait quitté son port d’attache. En Dominique, ce sont des guides officiels qui vous laissent le temps de jeter l’ancre avant de proposer leurs services (On n’est pas à Ste Lucie !). Notre Boat Boy à Portsmouth, c’est Martin. La grande classe ce Martin, et le sens des affaires de surcroît (un jour, il quittera son petit bateau à moteur pour aller arpenter les rues de Wall Street avec son attaché case).

Donc, après ces deux jours de retraite forcée, Martin comprend vite qu’on a des fourmis dans les jambes et nous propose de nous larguer en pleine forêt tropicale toute une journée. Nous partons le matin à l’aube sous une pluie battante, et non sans appréhension car à moins de se muer en champignon, on se demande bien ce qu’on va pouvoir faire avec nos K-Way de misère. Et puis, bizarrement, la pluie s’arrête. Martin nous prête deux parapluies king size et nous voilà partis, Lilliputiens au pays des géants.

La foret tropicale, le Cned nous avait prévenus, c’est très grand, c’est immense, et même encore plus que ça. Mais là, ça dépasse l’entendement. Nous tombons nez à nez avec des machins d’un format qui, dans la seconde, nous ramènent au rang de fourmis, pour ne pas dire de microbes. Les racines débordent de la terre, les troncs sont si larges que les anciens y creusaient leur pirogue dans un seul tenant. Ils sont si haut qu’on n’en voit pas la cime. Nos regards n’arrivent pas à épouser les formes. Il faut reculer toujours plus et lever les yeux toujours plus haut. Ici, il n’y a qu’un sens pour les photos : la verticale. Même les fougères ressemblent à d’immenses évantails taillés pour quelque géant de la mythologie.

Nos chaussures font splatch splatch dans la terre gorgée d’eau. L’air est un mixte de parfums magnifiques, mais malheureusement difficilement identifiables. De temps en temps, des perroquets multicolores s’échappent de la jungle. De temps en temps, aussi, il pleut, puis ça se calme. La rain forest se déchaînent au-dessus de nos parapluies. Et, par-delà le sentier, l’inextricable et impénétrable nature. On regrette d’avoir oublié la machette au bateau, mais pourquoi faire ? S’enfoncer là-dedans, c’est se perdre. Impossible même de s’orienter grâce au soleil. Même quand il brille, la forêt l’empêche de percer. Pas de cache-cache aujourd’hui, les enfants !

Après cette balade inoubliable, nous empruntons une route de campagne qui doit nous mener vers une cascade. La forêt tropicale laisse place à un verger tout aussi immense. Oranges, bananes, pamplemousses, citrons…. Nous ramassons des kilos de fruits tombés à terre comme des gamins enivrés par la profusion. L’équipe des oranges contre l’équipe des pamplemouses. Ces derniers remportent le match. Ce sont les meilleurs qu’on n’ait jamais mangé (blancs, juteux, sucrés juste ce qu’il faut…) Mais ce n’est pas fini : sur le chemin qui mène vers la cascade, Martin nous rejoint et nous montre à droite l’arbre à cannelle, à gauche, les cabosses du cacaoyer, l’arbre à pain, les papayes, les manguiers, les cafetiers… En Dominique, nous savons maintenant que les gens sont très pauvres, mais qu’il est impossible de mourir de faim.

Dominique nous voilà !

Dans la jungle, l'immense jungle...

...au pays...

... des géants

Fougères arborescentes

Du vert, toujours du vert

Fleur de balisier

Hibiscus

Ananas

Des bananes

Des oranges

Des oranges partout

Une des 365 rivières de la Dominique

Baignade à Chaudière Pool

Hey Man, tu mates le 4x4 Suzuk

Martin ne craint pas la pluie, lui


vendredi 22 février 2008

Martinique : la France tranquille

Le retour au pays est plus doux que jamais. Nous mouillons aux Anses d’Arlet avec face à nous un petit ponton menant tout droit à l’église et au village joliment réparti autour d’elle. On dirait une pub pour la campagne de Mitterand. Etonnamment, il y a une affiche de Ségolène, placardée sur le presbytère déplumé (cyclone oblige, les tuiles se sont envolées au Paradis). Aux Anses d’Arlet, la plage est belle, la mer plate, l’eau claire. Papy mamie ont pris un rythme d’enfer. Le premier à 10 minutes pour se baigner le matin avant de se muer en Bob l’éponge pour sa première vaisselle de la journée. La seconde, survitaminée aux mangues, maracujas et autres ananas, sort les cartables avec la ferveur des nouveaux enseignants. Ensuite, ce sera atelier pompon, atelier gateau, activité natation… Mais les intermittents du Cned flanchent vite : les règles d’accord entre le nom et l’adjectif s’accordent mal avec le bleu turquoise environnant. La grève menace. Alors tout le monde à l’eau et rendez-vous à la tombée du jour pour le petit planteur du soir.

Le dimanche 27, autre retrouvaille choc avec Yvette, la marraine de Frédéric, la mamée des enfants. En vacances pour 3 semaines chez Chantal, sa belle-fille, on la retrouve sur le ponton, avec émotion. Roger, son mari, le papé des enfants, décédé quelques semaines plus tôt, est aussi là à travers le livre qu’il a co-écrit sur Jeanne d’Arc et qu’il nous a dédicacé avant de mourir. Déjà 40 000 exemplaires vendus. La consécration après des années de travail pour que perce enfin la vérité sur cette femme aussi bergère que je suis capitaine.

Les jours qui suivent sont paisibles : petits restos, petites navigations… Papy et mamie nous quittent. En rentrant le soir au bateau, on se sent tristes et seuls dans notre coquille de noix. Heureusement, Mamée prend le relai et nous invite au restau. Mais qu’est-ce qu’on va devenir quand on va se retrouver à nouveau tous les cinq ? En plus, les soucis de santé s’accumulent : Corentin doit être décalloté une nouvelle fois, Pablo a mal aux intestins et Fréd apprend qu’il est atteint d’une double cataracte. Corinne, la pédiatre en chef de l’hôpital du Lamentin, habite sur le bateau à côté du notre à la marina du Marin. Elle nous ouvre des portes précieuses, pour ne pas dire des portails. Le jeudi, nous louons une voiture et partons en expédition pour la journée au Lamentin… avec les cartables dans le coffre pour travailler en attendant d’être reçu par notre staff médical.
Au terme de ce raid hospitalier mené tambour battant, tous les problèmes se résolvent à peu près. L’échographie de Pablo ne décèle rien de particulier. Corentin est un nouvel homme. Et, Frédéric est pris en charge par une super ophtalmo qui lui dégotte un rendez-vous pour une angiographie l’après-midi même à Fort de France. Au terme de l’examen (favorable), Frédéric décide d’attendre le retour en métropole pour se faire opérer des yeux et apprend, avec un certain soulagement, que le scanner cérébral, prescrit quelques heures avant, n’est finalement pas nécessaire.
Toutes ses tracasseries sont balayées le lendemain par des retrouvailles inattendues : Morgane, notre bateau copain, est là à côté de nous au mouillage !!! Ils arrivent de leur traversée. Ils sont tout salés, tout abasourdis et complètement soufflés après une transat éprouvante. On est tellement content de se voir qu’on décide de retarder d’un jour notre départ pour la Dominique.

Pour la Saint Valentin...


...offrez-lui un cadeau éternel !


Enfin un vrai prof de maths !


Variations sur le jaune en arts plastique

Première vaisselle de la journée

Cours de Navigation Astro


Avec Chantal et Mamée Yvette au resto

Enfin une vraie barreuse

Le marché de Fort de France


Souvenir de vacances

Jean-Maurice et Corinne, notre pédiatre à domicile