samedi 28 juin 2008

Du 16 au 22 juin Açores-Portugal : 6 jours tranquilles

Les matelots au balai brosse avant le départ pour Lagos

Il faut aussi tester le spi

Et c'est parti !

Si vous trouvez ce message, écrivez-nous...

Ce soir, c'est au tour de Corentin de remonter la ligne

... et Tiphaine en tenue de soirée pour son premier quart de nuit

20 ans d'amour et 7 ans de mariage, ça vaut bien une petite photo love !

Du 10 au 16 juin - Sao Miguel : ça bouillonne !

Triste départ de Faial

Nous appareillons le jour même où nos copains du Yann Emilie doivent arriver. C’est notre faute. On s’est mélangé les pinceaux dans la date de rendez-vous qu’on s’était fixée il y a plus de trois mois aux Grenadines. Il nous faut pourtant lever l’ancre car le vent tourne. Si nous ne partons pas ce jour même, nous devrons rester à Faial une semaine de plus, et ne verrons rien d’autre des Açores. Or, l’archipel et ses 9 îles mérite plus qu’une seule escale à Faial.
Cap donc sur Sao Miguel, la plus grande île des Açores. 40 heures de navigation au près plus tard (merci au Captain qui nous avait assuré qu’on en aurait pour 24 heures maximum), nous voilà à Ponta Delgada, la capitale. Modeste port en pleine mutation : ici, comme dans tant d’endroits parcourus, on construit une marina énorme (il y a tant d’argent à tirer de tous ces bateaux qui ne naviguent jamais…) et d’affreuses barres d’immeubles pour touristes de masse (selon l’expression favorite de Tiphaine) se dressent sans scrupule entre la mer et la vieille-ville.
Bien plus que Horta, port romanesque hors du temps, Ponta Delgada nous replonge au cœur d’une Europe quittée il y a 8 mois. Bonheur d’une douche chaude, d’un pain qui croustille, de pommes, de poires, de fraises, d’une monnaie familière, de pâtisseries belles comme des œuvres d’art… Mais tant de richesse nous déconcertent aussi : toutes ces voitures, et ces chauffards et ces bouchons ; ces supermarchés débordant de mille produits déclinés sous mille marques… Et tous ces gens repliés dans leur bulle qui oublient de sourire, qui tracent droit, qui ne s’assied jamais sur le pas de leur porte.

Sao Miguel : chaud devant
Nous nous échappons vite fait de Ponta Delgada, louant une voiture plusieurs jours pour partir à la découverte de l’île. Le mauvais temps qui nous a fait quitter Faial nous rattrape, mais l’île est superbe même sous une pluie battante.
Après pas mal de tâtonnements (rien n’est vraiment prévu ici pour accueillir des voyageurs sans car climatisé ni guide bilingue), nous nous fixons finalement à Fournas, petite ville thermale à l’est de l’île. Accueil plutôst distant de nos logeurs (mais bon, il faut s’y faire : on n’est plus en Rép Dom ni à Cuba). Le plus important est d’avoir trouvé un toit car le temps empire d’heure en heure. Et le toit en question est local de chez local : briqué nickel-chrome à la portugaise, et peuplé d’une colonie de Sainte-Marie, de Joseph et de petits Jésus nichés jusque dans les horloges et les calendriers.
Pour plusieurs raisons, nous apprécions beaucoup cette étape à Fournas. D’abord, Fred et Pablo s’offrent une rando digne d’une préparation militaire au Pico da Vara, sous la flotte et dans la boue jusqu’aux genoux. Un petit Vietnam, idéal pour se refaire le mollet et rentrer, une banane grande comme ça, sûrs de n’avoir rien vu mais fiers de l’avoir fait.
Et puis, ici comme en beaucoup d’endroits aux Açores, nous sommes les enfants des volcans. Quel bonheur de pouvoir se plonger (sous la pluie, toujours) dans l’eau presque bouillante de l’immense bassin à ciel ouvert de Furnas ! Pour nous qui n’avons pas pris de bain depuis des mois, c’est un régal, et la plus sûre façon d’éprouver le bouillonnement tellurique formidable qui se joue sous nos pieds. Mieux encore : nous découvrons le cozido nas caldeiras, un plat typique du coin cuit 4 heures durant dans les entrailles de la terre grâce aux vapeurs d’eau chaude. Une sorte de pôtée, ou mieux de bakenhof alsacien avec force viande, choux, carottes, patates et saucisses fumées. Sympa, le restaurateur du O Miroma nous embarque même dans sa voiture jusqu’au lieu de cuisson pour assister au déterrage de la marmite. C’est vraiment magique. En plus, c’est tout simplement délicieux, et si chaud par ces temps si humides !
Le reste de notre excursion dans Sao Miguel se passe dans l’ouest de l’île, autour de Sete Cidades. Une région splendide où deux lacs, l’un vert et l’autre bleu, ont pris demeure dans le cratère. Balade sur la crête où nous renouons avec des paysages de montagne bien de chez nous : herbe grasse et vaches grasses, petits sentiers bordés de mousse, de laurier, de bruyère, de cèdres et de genévriers. De jeunes fermières font goûter du lait chaud à Tiphaine, tandis que Pablo se fait courser par des chiens de berger. Tout autour de nous, et partout, des centaines d’hortensias du mauve foncé au rose le plus tendre font péter leurs bouquets. Pas de doute : l’Europe se rapproche à grands pas.

Des hortensias par milliers

Mal poli ce volcan...

... il crache un peu partout !

La récompense, c'est la source chaude

... et aussi le cozido

Il suffit de laisser mijoter 5 heures sous terre...

Puis, on déterre la gamelle...

... et on se régale. Magique !

Non, Tony n'est pas mort. Il est juste en train de mitonner son cozido

Rando Pablo + Fréd au pico da Vara (dur dur)

Vaincre les tempêtes, même sur la terre ferme. Le pied !

Balade champêtre à Sete Cidades

Dans le volcan, le lago azul et le lago verde sommeillent

Cliché tellement exotique pour nous !

En plus, on a droit au lait chaud pour le goûter !

Autre surprise de Sao Miguel, des plantations de thé


30 mai – 8 juin : Horta (Açores), reine des escales

Arrivée dans l’île de Faial, le 30 mai,18 heures. Port de Horta, archipel des Açores. Portugal.
Etrange sensation. On a roulé à toute allure pendant des jours, sans voir l’ombre d’un bateau. Et tout à coup, Yallingup freine en plein vol et se fige, emmailloté dans des tas de cordages au milieu d’une nuée de voiliers qui ont soudain perdu leurs ailes. Ce même jour, 25 bateaux, dont le nôtre, sont arrivés à Horta, petit port paumé dans l’Atlantique et sas de décompression de tous ceux qui viennent de dévorer un Océan.

Horta 1 : à l’Est que du nouveau !
La marina est minuscule, sans rapport avec le mouvement incessant des bateaux qui entrent et sortent. Mais il ne viendrait l’idée à personne ici de renvoyer quelqu’un faute de place. Alors, on se serre. A trois, à quatre sur les mêmes bittes d’amarrage. Partie de jambes en l’air pour rejoindre son bateau : pont allemand, anglais, espagnol, américain…Et que je t’enjambe le bastingage de l’un et que je me raccroche à l’étai du suivant. Un peu de sport, et de voisinage ne nuisent pas après tant et tant de jours de navigation en huis-clos.
Et d’ailleurs, quelle joie de retrouver le monde des terriens, et que d’histoires à raconter autour d’un verre qui se tient enfin droit sur la table ! Il y a ceux qui ont déchiré leurs voiles ; ceux qui ont essuyé une déferlante noyant l’intérieur du carré dans la seconde ; ceux qui ont traversé un champs de baleines priant le Ciel pour que la coque ne sépare pas une mère de son petit…A Horta, toutes les peurs se conjuguent au passé. Par la grâce de la terre ferme, toutes les avaries deviennent d’inoubliables aventures -et… de lointaines dépenses. Et puis, il y a ces discussions puissantes qui enfument le Peter café sport depuis des générations, faisant de ce bar mythique la caisse de résonance de tous les laboureurs de l’Atlantique :

- « Moi, j’ai tracé Est toute. »
* « Moi, j’ai tracé Nord, et puis j’ai fait de l’Est. »
* « Ah, ben moi, j’ai fait du Sud, et puis après j’ai fait du Nord. Mais j’aurais dû faire plus Est au départ. »
* « Moi, j’ai préféré faire du Nord, mais, si j’avais su, je serais d’abord descendu au Sud pour tirer Est à la fin. »

Etc, etc, jusqu’à la fin de la nuit. Jusqu’à plus soif. Les skippers ont beau multiplier les bières, ils ont toujours ce fichu compas calé dans la tête qui ne veut pas s’éteindre. Contrairement à la traversée aller qui se fait, pour ainsi dire toute seule, grâce au souffle régulier des alizés, la traversée retour est une négociation permanente, un haut-lieu de diplomatie et de stratégie : il faut sans cesse louvoyer pour s’éviter les nombreuses dépressions qui remontent l’Atlantique (l’été est encore loin !) et composer avec l’anticyclone des Açores, ce gros patapouf bien peinard coté ciel bleu, mais complètement asthmatique coté vent.

Horta 2 : que du bonheur
Très peu d’équipages comme nous arrivent des Bermudes. La plupart viennent de Saint-Martin, l’île la plus nord des Petites Antilles. Au début, nous sommes un peu déconcertés car, contrairement à ceux qui sont partis de Saint-Martin, nous n’avons vu que très peu de Français ces derniers mois. Et puis, nous débarquons d’un monde lointain, chargés d’images très fortes de la Rép Dom, de Cuba, des Bahamas… Les autres équipages se montrent souvent critiques à l’égard des Petites Antilles, devenues extrêmement fréquentées, et en particulier de Saint-Martin. Notre enthousiasme dénote un peu. Enfin, il y a la traversée à fond les voiles que nous venons d’effectuer. La plupart de ceux qui viennent de Saint-Martin arrivent le moteur encore brûlant à Faial. Pour eux, la transat s’est souvent soldée par des heures et des jours entiers de teuf-teuf dans les oreilles.
Ce petit décalage mis à part nous adorons l’ambiance de ce port, si petit et pourtant si grand dans le cœur des voileux. Nous faisons connaissance avec des gens adorables et nous avons la joie de retrouver, Yann, Sophie et Cyril, équipage modèle et très attachant du Rose de Savanah, partis avec nous des Bermudes. Il y a une ambiance vraiment tranquille ici : rien à voir avec Gibraltar où l’on pouvait presque palper la tension liée au grand départ vers l’Ouest. Arrivés aux Açores, capitaines et équipiers ont fait leurs preuves. Et ont considérablement vidé la caisse de bord. Relâche et plaisirs simples, donc.
Et puis, il y a ces coups de vent, ces frayeurs plus ou moins grandes qu’on s’est tous fait, ces paquets de mer qu’on s’est pris dans la gueule depuis 1 an… Même les plus fiers font profil bas. La mer nous a tous rendus plus forts, mais surtout plus humbles. Il n’y a guère que les enfants qui fanfaronnent encore un peu. Mais leur fierté est belle. Corentin se montre ainsi ravi d’avoir affronté si courageusement le « cyclone des Açores » !

P.S : Merci à toi Scott, à qui nous devons l’un de nos plus gros fou-rire. Ce jour-là, tu venais d’accueillir 2 équipiers pour ton retour sur les States. Une petite bière pour fêter ça, puis une deuxième, une troisième, puis le pack. Une virée chez Peter pour passer des enfantillages au choses sérieuses. Et voilà minuit qui sonne. Le voilier de Scott est à couple avec le nôtre. De retour de sa mission spéciale, l’équipage américain progresse péniblement le long de la jetée. L’un des équipiers se retrouve par miracle face à Yallingup. Fred, à ce moment-là, est en agréable compagnie dans le cockpit avec notre jolie voisine, Morgane. Quand à moi, je suis à l’avant en train de convaincre Pablo de profiter du calme de cette nuit pour enfin s’endormir. Retour sur la jetée : l’Amerlok est bloqué devant Yallingup. Il oscille. En avant, en arrière… Et tout à coup, un grand BOUM dans le calme de la nuit. Le Marine, ses 100 kilos et ses 10 litres de bières s’écrase sur la plage avant 2 mètres plus bas (c’est marée basse..). Stupeur : il aurait pu se faire très, très, très mal (il y a tout ce qu’il faut pour ça sur un bateau). Mais non : Scott et Fred parviennent à tirer le mort vivant (qui n’a pas même pousser un cri ni laisser une goutte de sang !) jusqu’au voilier voisin.
Quand Scott revient, à genoux, pour s’excuser, Pablo est tout à fait réveillé tandis que Fred, Morgane et moi essayons d’étouffer nos fou-rires. Seul Yallingup reste impassible, sans même une petite bosse. C’est peu dire s’il est costaud.

Horta 3 : une galerie à ciel ouvert
Horta a deux points cardinaux : le Peter Cafe sport à l’Est, et la jetée à l’Ouest. Après s’être refait 100 fois sa traversée sous les dizaines de fanions, de drapeaux, de cartes marines, d’ex-voto, de Sainte-Vierges et de dents de baleines du premier, les équipages mettent le cap sur le second.
La tradition veut, en effet, que chaque bateau débarquant à Horta, laisse une trace de son passage. Les murs, les trottoirs et jusqu’aux pavés de la jetée, et jusqu’aux poubelles même sont ainsi entièrement recouverts de peintures, évoquant les voyages des uns et des autres. C’est une galerie à ciel ouvert magnifique, peut-être la plus belle du monde. Nous passons des heures à flâner dans ce musée aux œuvres éphémères où des générations de marins se sont faits « peintres » l’espace d’une escale. Forte émotion à la vue du dessin (franchement l’un des plus beaux –en toute impartialité, évidemment !) laissé il y a trois ans, par la famille Beauvois, propriétaire de Yallingup.
C’est bientôt à nous de nous y coller. Le petit marchand de peinture à côté du Peter bar a fait fortune, et nous la confortons. Couleurs primaires, enfantines. Nous décidons de reproduire le bateau que Corentin dessine à longueur de journée : gréement bizarre et quille démesurée. Deux jours durant, nous voilà donc à genoux devant notre toile de béton. Non loin, d’autres équipages s’échinent eux aussi à faire un truc pas trop moche. Des pots de peinture traînent un peu partout, les pinceaux s’échangent, les flacons de white-spirit baladent d’un bout à l’autre de la jetée. On s’encourage, on se sourit… Mais très vite, il devient évident que ces dessins sont bien plus qu’un tampon certifiant le passage à Horta. Se tenir à genoux par terre, des heures durant, le pinceau dans les mains, le dos tourné à son bateau, c’est déjà se souvenir. Et dire adieu à tout ce qu’on a vu, senti, éprouvé depuis le début du voyage. Horta et sa jetée poussent en cela un chant unique, aussi joyeux que nostalgique

Le monte Pico (île de Pico) veille sur Faial

Le petit port de Horta plein à craquer

Une galerie à ciel ouvert

Surprise ! Yallingup millesime 2005

... et nos chers amis de Drisar

Au hasard de la balade

Ca nous rappelle quelque chose...

Bataille navale sur la jetée

A notre tour de jouer. Phase 1

Phase 2

Phase 3

Phase 4

Phase 5

Et voilà le travail !

Souvenirs, souvenirs

Sophie, Cyril, et Yan, eux, savourent leur oeuvre

Aimbert, Kristl et Ben cherchent l'inspiration

Nous, on a bien mérité une petite virée chez Peter

Ambiance...

Parfois, de la terrasse de chez Peter, on voit des baleines voler

Balade autour de la caldera de Faial

Un peu de vert ne nuit pas

Un phare un peu inutile depuis l'éruption de 1958

Interlude

Carnet rose…
Un magnifique cadeau pour saluer notre traversée : nous voilà Tonton et Tati pour la 10e fois. Et voilà Pablo, Tiphaine et Corentin gratifiés d’un dixième cousin : Léo, fils de Pierrot et d’Isabelle, et petit frangin de Tom, est né. Nous lui laissons juste le temps d’ouvrir grand les yeux, d’esquisser ses premiers sourires et de sortir un peu la tête des seins de sa mère pour accourir à sa rencontre. Arrivée prévue à Toulon, première quinzaine de juillet

… et flash spécial
On a fini l’école !! Et, en plus, les enfants passent en CP, CM1 et 6e. On pousse le grand cri libératoire des Cnedeurs en vacances. On se sent légers, légers, légers….

vendredi 20 juin 2008

Bermudes - Açores : 12 jours et 5 heures

Dimanche 18 mai : la ruée vers l’Est
Les dépressions se succèdent aux Bermudes. Aujourd’hui, une petite fenêtre météo s’entrouvre entre la tempête de ces jours derniers et la suivante, attendue pour demain. Il faut donc partir aujourd’hui si l’on ne veut pas rester encore bloqué une semaine ici (ET ON NE LE VEUT PAS, on en a ras le short des bermudas !). Mais il faut speeder : semer le mauvais temps qui arrive à nouveau des Etats Unis et filer droit (et vite) sur l’anticyclone des Açores. De l’Est, de l’Est et encore de l’Est, a insisté notre routeur. Surtout pas d’envolée vers le nord car là haut, c’est que « d’ la misère » comme disent nos copains Québécois.
Lever 6 heures, départ 8 h 30. Nous sommes 4 bateaux français à prendre la poudre d’escampette en ce dimanche matin. La mer est d’un calme divin. Il n’y a pas un souffle d’air : on croit rêver. Hier encore, en fin d’après-midi, le vent rugissait dans les mâts, le bateau écrasait sans pitié les pare-battages sur le ponton et il pleuvait des cordes (euh, pardon des bouts)..
Une première journée de navigation agréable, donc. La mer est belle. Il fait même plutôt chaud. Journée lecture, Mille Bornes… Les enfants et nous-mêmes n’abordons pas du tout cette traversée retour comme la précédente : on a presque l’impression de vivre une espèce de routine (mais pas désagréable du tout). Cap au 90°.
Cath et Fred

Lundi 19 mai : ça bastonne !
Journée plus perturbée. Environ 20 nœuds de vent. Corentin passagèrement malade, mais qui rêve de pancakes et réclame sa dose de Tintin (en ce moment, on dévore l’Affaire Tournesol). Tiphaine totalement absorbée dans la lecture d’Harry Potter, une nouvelle passion pour la sorcellerie, et les livres en général (l’un des miracles de ce voyage).
Jusqu’à 25 nœuds dans l’après-midi, Grand Voile 2 ris et Génois à 1/3. Vers le soir, ça se calme un peu (pas beaucoup). Fred absorbé dans les cartes météo de Boston (3h30 de programmation, rien que ça : il va falloir faire du tri !). Résultat des courses : on continue cap à l’Est pendant au moins 2 jours encore. Grosse baston attendue mercredi sur les Bermudes : on a bien fait de partir !
Fred et Cath

Mardi 20 mai : ça dégouline
Mer plus calme. Les enfants sont désormais priés de s’habiller, de se débarbouiller et même… de se laver les dents. Ces règles de vie ont l’avantage de créer des repères dans la journée, et, simplement, de faire passer un moment. Un répit prolongé quand même question école. Les estomacs se baladent encore un peu trop dans les ventres et la somnolence mène toujours la danse.
En fin d’après-midi, un peu de gym en famille sur le pont (d’où l’on aperçoit notre premier bateau depuis le départ (un pétrolier)(une trace humaine) (ça fait toujours du bien), puis partie de Kem’s et initiation à la belote. L’air est incroyablement humide. Tout est moite. Même les cheveux sont mouillés.
Pour la première fois depuis le début du voyage, nous ne pouvons pas tenir plus d’une heure la nuit sur le pont : il y fait trop froid. Donc quart de nuit à l’intérieur. Ça tombe bien, il n’y a pas d’étoiles.
Cath

Mercredi 21 mai : dauphins !
Aujourd’hui, c’est bien parce qu’on va manger des frites et aussi parce qu’on a vu des dauphins. C’est Pablo qui était en train d’affaler le spi qui les a vus en premier. Il nous a appelés et on s’est tous précipités à l’avant. Ils étaient gros et il y en avait beaucoup. Ils avaient de belles écailles. Sinon, la traversée se passe bien. On arrive dans 12 jours.
Corentin

Jeudi 22 mai : baleines !
Aujourd’hui, c’était bien parce que le ciel était bleu et le soleil brillait tellement qu’il a failli me donner au moins dix coups de soleil. Le soir, j’ai fait le Cned pendant que Corentin et papa faisaient des lasagnes. J’ai réussi à faire presque toutes mes maths, même si j’ai failli m’endormir au moins vingt fois sur mon évaluation. Les mouvements du bateau, ça bercent vraiment beaucoup ! Quand maman m’a dit qu’on allait mangé les lasagnes devant un film, j’étais toute contente. Je lui ai dit : « Après l’effort, le réconfort ! »
Le film qu’on a regardé parlait des baleines. C’est la première fois qu’on le voyait car papa et maman viennent de l’offrir à Pablo pour son anniversaire. C’était super !
Tiphaine

Vendredi 20 mai : ça passe trop vite
Toujours le Cned : il faut renvoyer les derniers devoirs au plus tard début juin, donc dès notre arrivée aux Açores. Avec tout ça, on n’a plus le temps de regarder la mer, ou de jouer aux cartes. Le temps passe trop vite : en plus, on risque d’arriver plus tôt que prévu (12 jours au lieu de 15 commence à marmonner le capitaine dans sa barbe de 6 jours).
Ce matin, coup au cœur, en pointant mon nez dehors pendant mon quart : un cargo à quelques centaines de mètres qui s’apprête à croiser notre route. On dirait qu’il s’est arrêté au stop pour nous laisser le passage dans cette immensité. Et puis le voilà qui passe, et s’évanouit dans le petit matin. On aurait presque pu prendre un petit café ensemble. Dommage !
Catherine

Samedi 21 mai : c’est la mi-temps
Ce matin, pendant que maman se reposait après son quart, nous avons vu un ban de poissons sauter : c’était peut-être des thons ou, comme le pense Pablo, « des sardines en train de se faire bouffer par un requin » . Le soir, maman a fait une pizza et papa a dit qu’on allait la manger devant la télé. En fait, on a fêté la moitié de la traversée. Et, comme c’était un jour pas comme les autres, on a mangé dans des assiettes en carton avec des fleurs et des verres en plastique. Et , comme on a fait la moitié du chemin, on a eu droit de regarder la moitié d’Azur et Azmar.
Tiphaine

Dimanche 22 mai : CNED, le ras-le-bol
Je n’ai plus mal au cœur !! Ce matin, pendant que maman dormait, on a vu deux tortues qui flottaient à la surface de l’eau. Elles n’étaient sûrement pas mortes car de temps en temps, elles bougeaient. C’est bizarre de voir des tortues en plein milieu de l’océan. Sinon, j’ai fini mon « éval » de maths, et ça, ça fait un gros frisson de joie. Parfois, je pense à mes copains d’école (Antoine ou Elena ou Fanny) et je me dis qu’eux aussi doivent peut-être saturer des derniers jours d’école. Comme moi.
Pablo

Lundi 23 mai : break !
Pas de Cned aujourd’hui. Les grands vont tenter de se reposer pour rattraper le décalage horaire (3 heures de sommeil en moins. Déjà qu’on dormait pas beaucoup..). Les petits se changent les idées en allant se faire asperger à l’avant, puis, pour se réchauffer, regardent Toys Story au cinéma. Quel pied, disent-ils !
Le soir, pancakes au menu. Merci Pablo ! Corentin dit que, plus tard , il se fera naturaliser anglais pour pouvoir manger des pancakes tous les jours…
On rentre vraiment dans l’anticyclone : il fait beau, et le vent commence à manquer. Mais pas de moteur pour l’instant. Pourvu que ça dure !
Fréd

Mardi 24 mai : bien et pas bien
Aujourd’hui, c’était trop bien et pas bien. Le matin, on a mis le spi et ça nous a pris au moins 2 heures ! C’était long et fatiguant, en plus Papa avait toujours peur que la voile s’enroule sur elle même parce qu’on était trop vent arrière. Finalement, Papa a pris la décision de tangonner le spi (normalement, un spi asymétrique ça ne se tangonne pas) et en fait, ça a super bien marché : plus de 7 neouds de moyenne toute l’après-midi !
En plus, j’ai fait trois évaluations d’un coup en les finissant toutes. Ce qui est bien, c’est que le soir, on a eu droit a une super polenta, du bacon et une bonne ratatouille de maman. En plus, Pablo a vu une tortue et on a tous vu plein de méduses.
Tiphaine

Mercredi 25 mai : rêves
Mer agitée et grosses rafales. Le bateau fait des pointes à plus de 8 nœuds avec 2 riz dans la grand voile. Il pleut. Les évaluations avancent mais n’en finissent pas. Fred fait des miracles avec les K7 achetées chez le Chinois au Cap vert : il faut couper de la bande pour pouvoir enregistrer les negros spiritual de Pablo, les bruitages de Corentin et les compositions orales de Tiphaine. Plus le bruit des voiles et des poulies, et la casserole qui a le bon goût de glisser quand on appuie sur « play ». On espère que les profs du Cned ont des oreilles bien assurées.
Mais les tuteurs fatiguent aussi : il fait froid et humide. Je rêve d’un bain chaud dans une baignoire bleue avec de la mousse parfumée au jasmin. Je rêve d’habits propres, d’une jupe. Je rêve que je me maquille.
Catherine

Jeudi 26 mai : fiesta
C’est la fête parce que demain on arrive. On a d’abord fait une chasse au trésor dans le bateau. C’était super, le cadeau était caché dans les caleçons de papa. En plus, ce qui était chouette, c’est que Pipo et Pimprenelle, nos marionnettes, étaient là elles aussi. Ensuite, on a mangé une pizza et des petits choux (NDLR : façon Violaine) et un gâteau au chocolat. Ensuite, on a dansé : on a fait la chenille mais il fallait faire demi-tour toutes les 10 secondes parce que le bateau est tellement petit. Ensuite, Tiphaine nous a chanté des chansons. C’était beau mais ce qui m’a plu le plus, c’est le jeu de cartes que Pablo a inventé. Ensuite, moi aussi j’ai chanté deux chansons de mon Cned. On voulait pas aller se coucher. Y a que papa et maman qui voulaient, mais c’est trop bête parce que ils pouvaient pas aller se coucher à cause des quarts.
Corentin

Vendredi 27 mai : c’est gagné !
Couchée à 8 heures, levée à 11 heures. Je suis réveillée par des cris de joie : les enfants dansent dans le cockpit. Ils viennent de voir la terre ! On est tous très heureux, même si bizarrement, aucun d’entre nous n’est pressé d’arriver. Corentin propose même de se mettre à la cap une journée (face au vent) pour faire tout ce qu’on n’a pas eu le temps de faire (et notamment des crêpes). En fait, seule une traversée du Pacifique pourrait combler le programme culinaire de Corentin.
D’heure en heure, le vent s’essouffle. On allume le moteur pour être sûr d’arriver avant la nuit. Un quart d’heure d’arrêt juste le temps de se baigner et, surtout, de se laver. Faudrait quand même pas débarquer trop crad au Peter’s Bar.
Arrivée au port de Horta, île de Faial à 18 h, heure locale. La traversée aura duré 12 jours et 7 heures.
Cath

Et c'est parti pour le grand retour...

Un point, c'est tout

Même pas peur !

Le matin, corvée de patates (comme au bon vieux temps)

... ou atelier pétrissage...

L'après-midi, tir à la corde (enfin... au bout)

...un peu, beaucoup d'école...

... mais c'est pas toujours facile quand ça bouge

... alors autant aller se faire tremper à l'avant !

... ou hisser le spi...

... et même le tangonner (et c'est alors une oeuvre d'art !)

... sous toutes ses facettes...

...avant de faire la fête à J moins 1...

... avec Pipo bien sûr (toujours aussi destroy, et qui, lui au moins à le droit à une petite bibine, le veinard)

Et puis, un jour, un matin, la terre !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!